Les étapes de la pensée sociologique

Contributor(s):

Aron, Raymond [Autor]

Material type: Text

TextLanguage: French Publication details: Gallimard, 1967Description: 663 p. 20 cm.ISBN:

9782070295180

Subject(s):

Contents:

Includes bibliographical references. TOC:-- I. LES FONDATEURS-- CHARLES-LOUIS DE SECONDAT BARON DE MONTESQUIEU-- 1. Théorie politique-- 2. De la théorie politique à la sociologie-- 3. Les faits et les valeurs-- 4. Les interprétations possibles-- AUGUSTE COMTE-- 1. Les trois étapes de la pensée de Comte-- 2. La société industrielle-- 3. La sociologie, science de l'humanité-- 4. Nature humaine et ordre social-- 5. De la philosophie à la religion-- KARL MARX-- 1. L'analyse socio-économique du capitalisme-- 2. Le Capital-- 3. Les équivoques de la philosophie marxiste-- 4. Les équivoques de la sociologie marxiste-- 5. Sociologie et économie-- 6. Conclusion-- ALEXIS DE TOCQUEVILLE-- 1. Démocratie et liberté-- 2. L'expérience américaine-- 3. Le drame politique de la France-- 4. Le type idéal de la société démocratique-- LES SOCIOLOGUES ET LA RÉVOLUTION DE 1848-- 1. Auguste Comte et la Révolution de 1848-- 2. Alexis de Tocqueville et la Révolution de 1848-- 3. Marx et la Révolution de 1848-- LA GÉNÉRATION DU TOURNANT DU SIÈCLE-- ÉMILE DURKHEIM-- 1. De la Division du travail social (1893)-- 2. Le Suicide (1897)-- 3. Les Formes élémentaires de la vie religieuse (1912)-- 4. Les Règles de la méthode sociologique (1895)-- 5. Sociologie et socialisme-- 6. Sociologie et philosophie-- VILFREDO PARETO-- 1. L'action non-logique et la science-- 2. Des expressions aux sentiments-- 3. Résidus et dérivations-- 4. La synthèse sociologique-- 5. Science et politique-- 6. Une œuvre contestée-- MAX WEBER-- 1. Théorie de la science-- 2. Histoire et sociologie-- 3. Les antinomies de la condition humaine-- 4. La sociologie de la religion-- 5. Économie et société-- 6. Weber, notre contemporain--

Summary: Ce livre - ou peut-être devrais-je dire les cours qui en ont été l'origine - m'a été suggéré par l'expérience des congrès mondiaux de l'Association internationale de sociologie. Depuis que nos collègues soviétiques y prennent part, ces congrès offrent une occasion unique d'entendre le dialogue entre des sociologues qui se réclament d'une doctrine du siècle dernier et qui en présentent les idées directrices comme définitivement acquises à la science, et, d'autre part, des sociologues formés aux techniques modernes d'observation et d'expérimentation, à la pratique de l'enquête par sondages, questionnaires ou interviews. Faut-il considérer les sociologues soviétiques, ceux qui connaissent les lois de l'histoire, comme appartenant à la même profession scientifique que les sociologues occidentaux ? Ou comme les victimes d'un régime qui ne peut pas séparer science et idéologie parce qu'il a transformé une idéologie, résidu d'une science passée, en vérité d'État, baptisée science par les gardiens de la foi ? Ce dialogue de savants ou de professeurs me fascinait d'autant plus qu'il se confondait avec un dialogue historico-politique et que les interlocuteurs principaux, par des voies différentes, en venaient, à certains égards, à des résultats comparables. La sociologie d'inspiration marxiste tend à une interprétation d'ensemble des sociétés modernes, mises à leur place dans le cours de l'histoire universelle. Le capitalisme succède au régime féodal comme celui-ci a succédé à l'économie antique, comme le socialisme lui succédera. La plus-value a été prélevée par une minorité aux dépens de la masse des travailleurs, d'abord grâce à l'esclavage, puis grâce au servage, aujourd'hui grâce au salariat : demain, au-delà du salariat, la plus-value et, avec elle, les antagonismes de classes disparaîtront.

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Ce livre - ou peut-être devrais-je dire les cours qui en ont été l'origine - m'a été suggéré par l'expérience des congrès mondiaux de l'Association internationale de sociologie. Depuis que nos collègues soviétiques y prennent part, ces congrès offrent une occasion unique d'entendre le dialogue entre des sociologues qui se réclament d'une doctrine du siècle dernier et qui en présentent les idées directrices comme définitivement acquises à la science, et, d'autre part, des sociologues formés aux techniques modernes d'observation et d'expérimentation, à la pratique de l'enquête par sondages, questionnaires ou interviews. Faut-il considérer les sociologues soviétiques, ceux qui connaissent les lois de l'histoire, comme appartenant à la même profession scientifique que les sociologues occidentaux ? Ou comme les victimes d'un régime qui ne peut pas séparer science et idéologie parce qu'il a transformé une idéologie, résidu d'une science passée, en vérité d'État, baptisée science par les gardiens de la foi ? Ce dialogue de savants ou de professeurs me fascinait d'autant plus qu'il se confondait avec un dialogue historico-politique et que les interlocuteurs principaux, par des voies différentes, en venaient, à certains égards, à des résultats comparables. La sociologie d'inspiration marxiste tend à une interprétation d'ensemble des sociétés modernes, mises à leur place dans le cours de l'histoire universelle. Le capitalisme succède au régime féodal comme celui-ci a succédé à l'économie antique, comme le socialisme lui succédera. La plus-value a été prélevée par une minorité aux dépens de la masse des travailleurs, d'abord grâce à l'esclavage, puis grâce au servage, aujourd'hui grâce au salariat : demain, au-delà du salariat, la plus-value et, avec elle, les antagonismes de classes disparaîtront.